DESCRIPTION OF CONTENTS
Il semble que dans certaines situations, quel que soit le champ d’intervention (aide à la jeunesse, santé, enseignement, accueil des étrangers, …), le système d’aide peine à résoudre les difficultés rencontrées par les jeunes. Parfois, c’est le système lui-même qui engendre des difficultés supplémentaires pour les mineurs.
Pour comprendre ce « mauvais » accompagnement, l’équipe du Délégué général aux droits de l’enfant est partie à la rencontre des jeunes concernés.
Le rapport présente l’analyse des entretiens menés avec 12 jeunes sur leurs expériences de vie, la manière dont ils se représentent l’accompagnement dont ils bénéficient et leurs recommandations.
Les situations présentées sont caractérisées par une succession de décisions, d’orientations, de placements, sans résultat significatif quant à l’amélioration de la ou des problématique(s) du mineur.
Le rapport se compose de trois parties :
• Dans la première partie, les auteurs montrent que l’inadéquation de l’accompagnement des jeunes prend des aspects diversifiés mais produit des sentiments convergents (déprime, dépression, manque de confiance en soi, manque de confiance en l’autre) très lourds à porter à l’adolescence.
Un chapitre particulier est consacré à l’enseignement qui cristallise le phénomène.
« Institution majeure, de la prime enfance jusqu’à l’âge adulte, l’école pourrait incarner cette permanence bienveillante, formatrice et contrebalancer, voire compenser, l’instabilité et la fragilité de leurs parcours. La cruauté de certains témoignages recueillis montre qu’il n’en est rien. Pire, dans de nombreuses situations exposées, on ne peut que regretter que l’enseignement obligatoire se révèle être un facteur aggravant des difficultés vécues.
La question du respect est évoquée à plusieurs reprises, essentiellement pour souligner qu’il est tristement absent des rapports entre les adultes de l’école (responsables, enseignants, éducateurs, etc.) et les jeunes.
Les enseignants sont aujourd’hui confrontés à la gestion quotidienne de problématiques sociales qui viennent s’ajouter à leurs missions d’apprentissage scolaire et auxquelles ils sont peu préparés. La grosse majorité des jeunes de notre panel a regretté ne pas avoir trouvé à l’école une écoute attentive et bienveillante.
Plus grave, l’absence de solidarité au sein d’un système scolaire compétitif et la prédominance d’une logique d’exclusion et de relégation des plus faibles semblent bien avoir lourdement affecté les trajectoires de vie, déjà chaotiques de nos jeunes témoins ».
• La deuxième partie concentre l’analyse sur un effet consolidé des divers défauts relevés dans l’accompagnement. Les auteurs décrivent un « manque de sens » et indiquent que celui-ci produit lui-même des effets problématiques favorisant l’échec des interventions
• Dans la troisième partie, les auteurs restituent les recommandations que les jeunes adressent aux adultes et leur message d’espoir aux autres jeunes.
COMMENTS ON THIS PUBLICATION
Ce rapport fait suite aux interpellations régulières du Délégué général sur le manque de places dans les structures de prise en charge des mineurs et l’accompagnement inadéquat dont sont victimes certains d’entre eux en Fédération Wallonie-Bruxelles.
Seul le point de vue des jeunes a été retenu. Les auteurs souhaitaient recueillir la parole directe des jeunes, sans qu’elle ne soit pervertie par le regard ou le discours d’adultes. Des extraits des récits des jeunes rencontrés figurent dans le rapport et en illustrent le propos.
Les auteurs ont opté pour le terme « accompagnement » qui leur a semblé le plus neutre et le plus ouvert et pour lequel ils ont retenu la définition suivante : « la présence physique, psychologique et professionnelle d’un dans une phase d’adaptation, de réadaptation ou d’intégration sociale dans le but d’assurer le bon déroulement de cette phase ».
Ils ont choisi de considérer comme « mauvais » accompagnement, l’accompagnement défaillant ou inadéquat, soit au regard de la condition de présence des intervenants (sociaux, parentaux) soit au regard des orientations données à la situation du jeune.
On retiendra, notamment, que l’hyperspécialisation des services d’aide ne semble pas entraîner une amélioration globale de la prise en charge des mineurs interrogés. A contrario, les auteurs ont plutôt le sentiment qu’elle encourage la déresponsabilisation des services qui interviennent successivement auprès d’un jeune, souvent sans concertation et sans rechercher les synergies et les transversalités nécessaires. La lecture des témoignages, semble dépeindre un système qui identifie, isole et traite des parties d’un problème global jusqu’à en oublier que le problème est porté (supporté) par un (jeune) individu ! Celui-ci, logiquement, se vit dépossédé de sa propre histoire et de sa propre capacité à agir sur la résolution des difficultés auxquelles il est pourtant directement confronté.
L’hyperspécialisation des services semble aussi avoir une incidence négative non-négligeable sur la relation de confiance qui doit s’instaurer entre le jeune et l’intervenant. Les jeunes ont souvent l’impression tenace d’être l’enjeu d’une partie de « ping-pong institutionnel ». Les intervenants se succèdent et la relation de confiance, pourtant fondamentale, est à chaque fois compromise.
