DESCRIPTION OF THE SUCCESS STORY
Les principaux acteurs impliqués
Directeur, Ministère de l’enseignement, élève.
Quand, où et comment l’histoire a eu lieu
Au début de l’année scolaire 2003-2004, une école d’enseignement technique et professionnel de la région liégeoise reçoit l’inscription d’un jeune en 3ème professionnelle (3P). Ce jeune a effectué les deux premières années du secondaire dans deux autres établissements.
Lors de l’examen du dossier administratif de l’élève (reçu du dernier établissement fréquenté), l’école s’aperçoit que cet élève a le statut « d’élève libre » en raison de ses trop nombreuses absences. Il ne peut donc être inscrit valablement en 3ème professionnelle.
En effet, en Fédération Wallonie-Bruxelles, l'élève qui dépasse le quota autorisé d'absences injustifiées au cours d'une même année scolaire, perd la qualité « d'élève régulier ». Il devient « élève libre ». Cela implique qu’il perd le droit à la certification des études pour l’année en cours (même s’il participe aux examens).
Dans le cas présent, l’élève aurait dû présenter les examens au « jury central » organisé par le Ministère de l’Enseignement, pour obtenir une attestation de réussite lui permettant de s’inscrire en 3P.
Toutefois, des dérogations sont possibles en raison de circonstances exceptionnelles.
Dès lors le directeur rencontre les parents afin que ceux-ci (qui avaient fait l’inscription de bonne foi) lui décrivent la situation de leur fils : il a complètement décroché, il traîne à gauche et à droite, il est « dégoûté » de l’école et n’a personne à qui se raccrocher.
Le directeur décide de donner une chance à ce jeune et introduit un dossier de demande de dérogation auprès du Ministère de l’enseignement, avec la collaboration des parents. Il reçoit l’accord de maintenir l’élève en 3P pour un an.
Commence alors pour le jeune un long parcours vers la réintégration comme élève régulier et l’accès à un diplôme.
En Fédération Wallonie-Bruxelles, les élèves disposent d’un quota d’absences justifiées et injustifiées par année scolaire. Les présences sont contrôlées deux fois par an, par un agent vérificateur du Ministère. Cette réglementation est stricte. Lors de la vérification, la régularité des élèves est passée au crible (nombres d’absences injustifiées, nombre d’absences justifiées, mots d’excuse pour les absences justifiées, retards, …).
Au terme de la 3P, il apparaît que le jeune a été présent régulièrement et a réussi son année. L’agent vérificateur autorise à nouveau l’école à le maintenir en 4P pour un an.
Au terme de la 4P, la situation est identique : l’élève a été présent régulièrement et a réussi son année. Le Ministère de l’enseignement réintègre alors définitivement l’élève dans le statut « d’élève régulier ». La procédure aura duré 2 ans.
Cet élève terminera sa scolarité (5P et 6P) et obtiendra le CESS « Certificat d’Enseignement Secondaire Supérieur » (diplôme auquel il n’aurait pas eu accès s’il avait conservé le statut d’élève libre. Il aurait alors dû présenter les examens au « jury central »).
De plus, il poursuivra avec succès une 7ème année de qualification « travaux de bureau ».
Les raisons pour lesquelles l’histoire peut être considérée comme un succès.
• L’élève semble avoir trouvé rapidement sa place dans l’école et ne s’est plus absenté (au-delà du nombre de jours d’absence autorisés par année scolaire).
• L’élève a mené à terme sa scolarité et a obtenu un diplôme qualifiant.
Le point de départ de l’élève, pour bien comprendre le degré de succès
C’est un jeune en questionnement. Il n’est plus motivé par l’école, il s’absente régulièrement, à tel point qu’il a perdu son statut d’élève régulier pour devenir « élève libre ». Ce statut ne donne accès à aucun titre, diplôme ou autre certificat. La scolarité du jeune est donc grandement menacée.
La situation économique et sociale de la famille impliquée
Cet élève vit avec ses deux parents, son frère et sa sœur. La famille est décrite par le directeur comme très conviviale, mais peu intéressée par l’école.
En effet, si les parents ont collaboré avec l’école pour régler le problème, ils ne se sont plus jamais manifestés par la suite, même pas lors de la remise des diplômes ! Pour ces parents, l’école semble accessoire.
CRITICAL ANALYSIS
Donner des indices d’explication possible du succès
• La décision du directeur d’accepter l’élève à risque. Le directeur adopte une posture bienveillante à son égard. Il mise sur sa rescolarisation malgré un parcours difficile.
• La souplesse dont a fait preuve le Ministère de l’enseignement en octroyant la dérogation (maintien de l’élève en 3P puis en 4P).
• La présence du frère aîné dans l’école (élève poursuivant une scolarité normale) a probablement influencé la décision du directeur et la réussite de son jeune frère.
Analyser l’interaction entre les différents acteurs impliqués
C’est une histoire réussie, mais sans la collaboration des parents. Le directeur n’a eu qu’une entrevue avec les parents pour comprendre la situation de l’élève et préparer le dossier de demande de réintégration comme élève régulier. Par la suite, les parents se sont complètement désintéressés de l’école.
Le directeur regrette ce type de comportement que l’on rencontre dans certaines familles peu (voire pas du tout) impliquées dans la scolarité de leurs enfants.
Les interactions se sont limitées à la sphère scolaire :
• Principalement avec le Ministère de l’enseignement : contacts deux fois par an avec le vérificateur pour vérifier la présence de l’élève à l’école, sa réussite scolaire et justifier la demande de réintégration comme élève régulier.
• Surveillance de l’élève, mais pas de suivi particulier pour ce jeune qui a très vite trouvé ses marques et poursuivi une scolarité normale.
Décrire l’action des politiques éducatives, au niveau local, régional ou national
En Fédération Wallonie-Bruxelles, lorsqu’un élève perd la qualité d'élève régulier, il n’a plus droit à la certification des études pour l’année en cours. Une dérogation peut être accordée par le Ministre en raison de circonstances exceptionnelles et motivées. (Décret du 24 juillet 1997 définissant les missions prioritaires de l’enseignement fondamental et de l’enseignement secondaire et organisant les structures propres à les atteindre, articles 85).
Pour que l’application de cette disposition puisse être envisagée, l’élève, devenu « libre » devra recommencer à fréquenter l’établissement de manière régulière et assidue.
Identifier et décrire le potentiel de transférabilité de l’expérience
Ce type d’expérience repose sur la volonté de l’école de croire dans les possibilités du jeune et de lutter contre le fatalisme.
Cela implique pour l’école de prendre en charge une procédure administrative exigeante et d’assurer le suivi du jeune.
