Lifelong Learning Programme

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TITLE OF THE EXPERIENCE
FR : Élève victime de harcèlement en raison de son physique disgracieux
NAME AND SURNAME OF THE TEACHER
Médiateur scolaire
SUBJECTS TAUGHT
Médiateur scolaire
TYPE OF SCHOOL
Service de Médiation Scolaire de la Fédération Wallonie-Bruxelles
COUNTRY
Belgium
THEMATIC AREA
School bullying
DESCRIPTION OF THE EXPERIENCE
Lieu et période où l’expérience a eu lieu
Groupe-classe, école secondaire d’enseignement technique et professionnel, province du Hainaut.
Harcèlement systématique, quotidien de la victime sous l’impulsion d’un élève doubleur, dès la rentrée scolaire de septembre 2010 jusqu’au 2 mai 2011, date à laquelle la victime a quitté l’école pour un Centre de Soins.

Principaux acteurs impliqués (avec une attention particulière pour le profil de l’élève)
Les principaux acteurs impliqués sont une victime (18 ans), un harceleur meneur (18 ans) et quatre suiveurs (16 à 18 ans) à des degrés divers.

La victime :
• avait déjà connu des difficultés relationnelles/d’intégration dans la classe l’année scolaire précédente.
• connaît un problème de santé majeur, à savoir une obésité handicapante, et témoigne avoir connu des difficultés relationnelles liées à cette particularité physique depuis toujours : le jeune homme est né différent, et aussi longtemps qu’il s’en souvienne, cette différence a été source de stigmatisation.
• est consciente des enjeux relationnels dans la classe et de l’influence prépondérante du meneur sur les autres élèves de la classe.
• témoigne d’un blocage, d’une incapacité à réagir, à se défendre lorsqu’elle subit des agressions.


Le harceleur :
• voulait s’assurer une place de leader au sein du groupe : être agresseur pour ne pas être agressé, être du « bon côté » plutôt que du « mauvais », être le « fort » et non le « faible ».
• ayant vécu un historique familial non anodin et connu lui-même le harcèlement alors qu’il était en primaire, ayant souffert de la stigmatisation liée au fait que son père était en prison pour meurtre, il a développé une vision manichéenne du monde et des relations humaines.

Description des faits
Les types d’actes de harcèlement survenus :
• Agressions verbales, morales (moqueries-remarques déplaisantes-insultes sur le physique de la victime, ses capacités-compétences supposées faibles, sa lenteur dans l’exécution des tâches (sape du moral), dépréciation-dénigrement de sa famille.
• Chapardage d’objets personnels (rendus ensuite) et, uniquement de la part du meneur : racket (de quelques euros par jour à 10 euros lors d’une sortie).
• Contacts physiques modérés (poussé légèrement) mais répétitifs, parfois violence physique plus marquée (poussé à terre, acharnement à appuyer sur son ventre).
• Ostracisme (personne ne veut travailler avec lui en pratique).

Actions menées pour identifier les causes des difficultés des élèves
• Suivi de la victime par le Centre Psycho-médico-social et par un spécialiste externe (psychologue)
• Intervention du Service de Médiation Scolaire auprès de la victime et au sein du groupe-classe

Actions menées pour résoudre la situation et problèmes rencontrés
• La victime s’est confiée à sa mère, à ses grands-parents.
• La grand-mère a attendu plusieurs fois les agresseurs à la sortie des cours pour les dissuader de poursuivre leur harcèlement, ce qui a malheureusement produit un effet inverse. Les jeunes se sont plaints auprès de leurs professeurs de s’être fait agresser par la grand-mère de la victime et y ont trouvé argument à se moquer davantage de l’incapacité de la victime à se défendre par elle-même.
• A plusieurs reprises, la grand-mère s’est adressée au Chef d’atelier pour faire part de son désarroi. Des tentatives de dialogue avec le groupe-classe ont eu lieu à plusieurs reprises pour que la situation cesse, quelques sanctions ont été prises à l’occasion d’agressions précises, sans que la situation s’améliore. Un sentiment d’impuissance à régler le problème s’est installé, la situation a été vécue comme une « fatalité » contre laquelle on ne peut rien. En effet, c’est sournoisement que la victime était ciblée, le plus souvent à l’abri des regards des adultes.
Il y a aussi eu de la part des professeurs tentative de stimuler la victime à réagir, à s’affirmer, à se défendre face à des élèves « souvent bien moins costauds que lui » et aussi interrogation sur le rôle de la victime, considérée comme peut-être en partie responsable du harcèlement qu’elle subissait (passivité, provocation ?).
• Suite à une demande d’intervention de l’éducatrice au premier trimestre, le Centre Psycho-Médico-Social a assuré un suivi individuel et le relais à un psychologue privé pour suivi thérapeutique.
• Suite à une nouvelle demande d’intervention de l’éducatrice en mars 2011, le Service de Médiation Scolaire de Wallonie est intervenu. Il a recueilli le témoignage de la victime, il a apporté un éclairage à l’équipe éducative sur le phénomène de harcèlement à l’école et il s’est articulé aux différents acteurs pour mettre au point une intervention au sein du groupe-classe.

Résultats obtenus
• La victime a quitté temporairement l’école début mai 2011, pour soigner son problème d’obésité. Il avait à ce moment l’intention de présenter ses examens en septembre 2011, en « session différée ». Pendant les vacances scolaires, il a renoncé à cette intention, découragé par le nombre important d’examens à présenter, et ce malgré que tous les documents utiles lui avaient été fournis par ses professeurs.
Il a doublé son année en 2011-2012 et a été soutenu par ses professeurs. Son intégration dans le nouveau groupe s’est bien passée.
• L’agresseur ayant lui-même subi des brimades dans le passé, éprouvait toujours le besoin d’être agresseur pour ne pas être lui-même agressé. Ainsi, lorsque sa victime a quitté l’école à la fin de l’année scolaire 2010-2011, il s’en est pris à d’autres élèves plus jeunes.
• Les suiveurs « n’avaient rien contre la victime », ils ont vécu la dégradation de la situation avec malaise et culpabilité. La peur d’être soi-même rejeté régnait au sein du groupe (réelle peur du meneur et sentiment d’impuissance à résister à son influence). Après le départ de la victime, il y a eu une sorte de consensus entre les jeunes pour éviter le meneur, qui victimisait deux autres élèves. Mais la peur était toujours bien présente, d’où persistance des tensions et du mauvais climat.
• Côté organisationnel, l’intervention du Service de Médiation Scolaire a eu un impact important : un éducateur est présent pendant le temps de midi (moment où les brimades étaient nombreuses) sur le site de la section, ce qui n’était pas le cas auparavant.

Soutien reçu par les condisciples, collègues, direction et parents
• La famille de la victime a soutenu celle-ci et a tenté de résoudre la situation sans succès.
• Les autres élèves de cette petite classe (qui ne compte que 6 membres) sont les suiveurs. Ils ont vécu la situation avec malaise et culpabilité.
• Les professeurs étaient conscients de la situation, dans la mesure où ils savaient que la victime subissait fréquemment des brimades et en souffrait, mais ne disposaient pas des outils pour l’appréhender dans toute sa dimension. Ils se sont montrés impuissants dans leurs tentatives d’améliorer la situation. De plus, les professeurs principalement concernés par la classe étaient isolés sur un site distinct du site principal. Ils n’avaient que très peu de contacts avec les autres enseignants.
• Le directeur n’a pas été sollicité pour résoudre le problème.

Points forts et points faibles de l’expérience
Ce cas est emblématique d’une situation de harcèlement grave :
• une victime particulièrement fragile (sur les plans physique, social, familial)
• un harceleur au passé familial et relationnel non anodin ayant conduit au développement d’une personnalité préoccupante, toujours sur la défensive car il craint de redevenir le « harcelé » qu’il a déjà été. Pour éviter cela, il est toujours à la recherche de situations de domination en manifestant des comportements d’agression envers les plus faibles.
• des suiveurs plutôt empathiques mais dominés par la peur : du meneur, d’être eux-mêmes exclus du groupe.
La situation de harcèlement s’est développée au sein du groupe-classe car la victime permettait au groupe de focaliser, de concentrer, de canaliser toutes les tensions sur elle. La victime tenait le rôle de bouc-émissaire et régulait en quelque sorte le fonctionnement du groupe.
Points forts :
• Depuis le partenariat avec le Service de Médiation Scolaire et l’éclairage sur le harcèlement, il y a meilleure compréhension globale du phénomène et de ses enjeux au sein de l’école et émergence de pistes pour y faire face efficacement (mettre en place des dispositifs précis d’information, de détection et de prise en charge des faits de harcèlement)
• On retiendra également comme initiative positive, la présence d’un éducateur dans la section pendant les temps de midi (propices au harcèlement)
Points faibles :
• L’isolement « géographique » du groupe-classe sur un site propre à la section a sans doute contribué au développement et à la cristallisation du phénomène : chaque élève craignait d’autant plus l’ostracisme que les contacts sociaux « hors groupe » «étaient quasi inexistants.
• L’équipe éducative s’est montrée dépassée par les événements et impuissante à les résoudre. Ce sont les services externes qui ont géré la situation, suite à la demande d’intervention de l’éducatrice.
• Comment se fait-il que le directeur n’ait pas été sollicité vu la durée et le type de harcèlement ? C’était pourtant à lui d’intervenir dans le « groupe-classe » pour rappeler les règles de fonctionnement de l’école.
• L’auteur de la fiche ne précise pas si le harceleur a été sanctionné et de quelle manière. Celui qui commet les faits est à prendre en compte autant que la victime. Quelle a été la réelle empathie du harceleur à l’égard de la victime ? Un travail avec le harceleur sur cette empathie aurait été intéressant.
• Il est surprenant de constater l’absence des parents du harceleur. Ceux-ci auraient dû, au minimum, être informés des faits, voire être amenés à collaborer à leur résolution, même si leur fils était majeur au moment des faits.

Comments on this Teachers Experience

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20 December 2014

Final Partners’ meeting

The fourth partners’ meeting took place in Florence (IT) on 15 December 2014. The meeting had the objective to check the activities carried out since the third meeting of the project and share and assess the in progress results. A special focus has been dedicated to the presentation of the strategies to solve the case scenarios.