Lifelong Learning Programme

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TITLE OF THE EXPERIENCE
FR : Cyber-harcèlement envers une élève et un professeur
NAME AND SURNAME OF THE TEACHER
Préfet de discipline du degré inférieur
SUBJECTS TAUGHT
Préfet de discipline du degré inférieur
TYPE OF SCHOOL
École secondaire d’enseignement général, de la région liégeoise
COUNTRY
Belgium
THEMATIC AREA
School bullying
DESCRIPTION OF THE EXPERIENCE
Lieu et période où l’expérience a eu lieu
Trois classes de troisième année d’immersion en anglais.
Mars 2011. Le cyber-harcèlement a duré une dizaine de jours.

Principaux acteurs impliqués (avec une attention particulière pour le profil de l’élève)
• Les victimes : une jeune fille de l’une des 3 classes (présentant un duvet « disgracieux »), un professeur d'une grande simplicité (vestimentaire notamment).
• Le harceleur : un garçon de la classe de la victime qui a posté des images sur Facebook. Pour ce jeune harceleur, il ne s’agissait que d’un jeu. C’était « pour rire », « une bonne blague ».
• Les suiveurs : 13 élèves sur 80. Ceux qui ont cliqué « j’aime » et/ou qui ont écrit des commentaires.
Il y a sans conteste un effet de groupe. Je coche « j'aime » parce que certains élèves de la classe l'ont fait (parfois même sans regarder le contenu de ce qui est coché).

Description des faits
Vendredi 11 mars 2011, début d'après-midi, une maman, visiblement choquée, se présente à l'accueil et demande à parler à "un responsable de l'école". L’école est mise au courant par cette maman que circulent sur Facebook deux photos, une d'un professeur grimé en nazi et une de sa fille couverte de poils (celle-ci a une légère pilosité faciale).
Ces images circulent depuis plusieurs jours mais sa fille s'est effondrée quand elle a vu le nombre de signatures de copains et de copines, parfois très proches. La date est très importante.
Le lendemain, samedi 12 mars, c'est le départ du voyage des élèves de troisième immersion en Angleterre. La jeune fille, les signataires et le professeur grimé en font partie.
L'état de choc de la jeune fille est tel qu'elle refuse de continuer sa scolarité au Collège et qu'elle refuse de participer au voyage, malgré l'importance qu'il représente pour ce type d'enseignement.

Actions menées pour identifier les causes des difficultés des élèves
Le Centre Psycho-médico-social a mis au point des séances de réflexion avec les élèves concernés (collectivement et individuellement pour ceux qui le souhaitaient). Ces séances ont permis aux élèves de s’exprimer, de comprendre la gravité des faits.

Actions menées pour résoudre la situation et problèmes rencontrés
• Les responsables de l’école rassurent la maman et lui promettent de la rappeler en fin d'après-midi. Le Préfet du degré inférieur mène une enquête, consulte Facebook et imprime les photos ainsi que les pages de signatures. Une réunion avec la direction, l'éducateur de niveau, la préfète du degré supérieur et le préfet du degré inférieur est organisée sur le champ.
• Les faits étant avérés et graves, l’école décide de sanctions :
- L'élève qui a posté les photos sera exclu du voyage, mis sous contrat disciplinaire pour faute grave. Il prestera trois jours d'exclusion pendant la semaine du voyage.
- Les signataires recevront eux aussi un contrat disciplinaire pour faute grave et presteront après le voyage un jour de renvoi.
- Tous ces élèves seront vus par le Centre Psycho-médico-social et le préfet dès le retour de voyage.
- Les parents des élèves sont informés par téléphone et certains d’entre eux sont vus par la directrice-adjointe et le préfet en soirée.
• Le problème est réglé au terme de l’après-midi. La maman de la victime est mise au courant des décisions. Sa fille fera partie du voyage du lendemain en Angleterre.
• Une mise au point est faite par la directrice-adjointe, le lendemain, au départ du voyage.
• Les photos sont retirées du site.

Résultats obtenus
• La victime a été longuement suivie par le CPMS, oscillant de l'abattement à la remise en question de la gravité du fait.
Elle n’était pas constante dans son attitude : tantôt, face aux autres élèves, elle relativisait la portée des faits (pour rester « copains ») tantôt, plutôt en privé, elle avouait une réelle blessure.
Le travail du CPMS a permis de restructurer la victime, permettant ainsi aux autres élèves concernés de mieux cerner l'ampleur du problème.
La victime a continué sa scolarité à l’école.
• Le professeur ciblé sur Facebook a été profondément blessé d'être assimilé à un nazi. Il a toutefois participé au voyage et continué son enseignement dans les trois classes.
• Les élèves concernés ont également été suivis par le CPMS.
• La direction a remis un contrat disciplinaire aux parents du harceleur et des suiveurs. Ce document explique la sanction, rappelle les règles de fonctionnement dans l’école, les attentes au niveau du changement d’attitude de l’élève ainsi que le suivi qui sera assuré (ex. le garçon harceleur a vu son contrat prolongé l’année suivante). Il est signé par toutes les parties.
• Les journées de renvoi à l’école ont été consacrées à la réparation de la faute (lettre d’excuse aux victimes, travail sur le fonctionnement et les dangers de Facebook, travail sur le respect d’autrui, …).
• Les étudiants des trois classes concernées ont reçu une circulaire de la direction rappelant les règles de respect d’autrui, le droit à l’image, …

Soutien reçu par les condisciples, collègues, direction et parents
• La mère de la victime a soutenu celle-ci et a pris directement contact avec l’école pour résoudre le problème
• Le père de l'élève responsable de la publication des photos s'est opposé à la logique de l'école. Il a fait pression sur la victime, en téléphonant à sa maman et en la culpabilisant (sa fille aurait du comprendre que c’était une blague, chantage affectif avec les copines, risque de problème scolaire pour son fils, …) pour qu'elle retire sa plainte auprès de la direction. Il a, à son tour, posté sur Facebook un texte disant en substance à son fils de ne pas se tracasser pour la sanction car, lui, il allait lui offrir un voyage aux USA. Son fils a continué sa scolarité à l’école.
• La maman de la victime, « sous les pressions », a voulu faire marche arrière, minimisant les conséquences et réduisant les faits à des « jeux d'ados ». Après une discussion avec la direction et le Préfet qui ont garanti une « protection » de sa fille (elle craignait que celle-ci soit rejetée du groupe), elle a retrouvé une certaine sérénité.
• Les parents des élèves signataires ont eu deux grands types de réaction :
- Un soutien franc à l'école avec un « renforcement » parental (la majorité d’entre eux).
- Une tentative de marchandage pour certains. Le contrat disciplinaire n'allait-il pas mettre en cause la réussite de leur enfant, quelle image leur enfant allait-il avoir… ? Ne pouvait-on supprimer ce contrat ?
• Via le bouche à oreille, tous les élèves de l’école ont très vite été mis au courant des sanctions et ont eu des réactions partagées.
• Les enseignants n’étaient pas conscients des événements. Ils n'imaginaient pas un problème d'une telle ampleur.
• La direction est intervenue directement pour résoudre le problème avec le Préfet.

Points forts et points faibles de l’expérience
Pourquoi cette élève et ce professeur ? Un léger duvet « disgracieux », un professeur d'une grande simplicité… Pour des élèves d'immersion (la « super-option »), dans un groupe d'élèves particulièrement superficiels où les marques de vêtements suffisent pour évaluer un homme, voilà des éléments déclencheurs…

Toutefois, dans cette expérience on semble être à la limite du harcèlement : un seul fait (photos), une durée très courte (15 jours max.), une intention de nuire ou une simple moquerie ? …
On pourrait plutôt parler d’un événement critique majeur.

Points forts :
• La réaction de l’école a été rapide (quelques heures). Il fallait rendre leur dignité au professeur et à l’élève victimes avant le voyage du lendemain où tous les acteurs allaient se retrouver.
• Les sanctions infligées apparaissent comme « dures » tant pour l’élève harceleur (privé du voyage d’immersion) que pour les signataires (un jour de renvoi à l’école) mais se justifient par la nécessité de faire un exemple.
• Il n’y a pas eu d’exclusion du harceleur. L’école est restée dans une logique éducative : contrats disciplinaires et jours de renvoi à l’école consacrés à la réparation de la faute.
• Deux types de mesures (sanction et soutien) ont été pris rapidement et simultanément, ce qui permet certainement de limiter l’effet négatif du harcèlement.
• Tous les professeurs de l’école ont reçu un dossier explicatif sur le fonctionnement et les dangers de Facebook.
• Les parents ont reçu une circulaire sur le respect d’autrui, le droit à l’image, …
• Cette expérience a fait surgir un autre problème : l'incompréhension de certains élèves fautifs. Or, sans compréhension, une sanction est sans effets. L’école a donc entamé une réflexion avec le Centre Psycho-médico-social sur la nécessité de mener une prévention auprès des jeunes.

Points faibles :
• Les trois classes se trouvaient isolées des autres, dans un bâtiment à l’écart. Un microcosme s’est créé, un petit monde centré sur lui-même (élèves au « gros cou », « frimeurs », pour qui seule l’apparence compte, …).
• Le harceleur n’a eu aucun remords. Il n’a pas compris le procès qui lui était fait. Il n’a vu que son plaisir, faire une bonne blague.
• Les suiveurs ont eu deux types de réaction, suite notamment aux rencontres avec le Centre Psycho-médico-social : soit le remord et la prise de conscience de la gravité des faits, soit l'incompréhension du caractère fautif de leur action.
Cette incompréhension est interpellante. Quelques mois plus tard, lors de la soirée de rentrée des 4èmes, une des mamans dont la fille avait signé « j'aime », bien que comprenant parfaitement la réaction du Collège, disait au Préfet que pour sa fille, la sanction avait été vécue comme une totale injustice.
Par la suite, au cours d’une activité où le Préfet a l'occasion d'être proche des étudiants (retraite des 5èmes/6èmes hors contexte purement scolaire), le problème de Facebook a été amené. Lors des discussions, il est clairement apparu que pour certains élèves, c’est la jeune fille qui n’avait pas bien compris Facebook. Pour les jeunes, Facebook est un monde virtuel à ne pas prendre trop au sérieux sauf, peut-être quand ils en sont la victime…
« Ne fait pas à autrui ce que tu ne voudrais pas que l'on te fasse » perd de sa pertinence. Certains élèves sont stupéfaits qu'on ne comprenne pas que c'est pour jouer. Comment peut-on prendre au sérieux Facebook ?
En cochant « j'aime » sur Facebook, c'est pour beaucoup de jeunes élèves leur première « signature de contrat ». Ils ne perçoivent pas vraiment la portée que nous, adultes, lui donnons, or ce sont des adultes qui prennent les sanctions. Sans parler du fait que notre société banalise les ruptures de contrats et relativise le poids de la parole donnée. Mais pour celui qui reçoit la signature en pleine figure, cette signature est la personne ! Les blessures que l'on inflige aux autres se font par claviers interposés, on rejoint les jeux de massacre virtuels. On ne se sent pas personnellement impliqué.
Comment développer l’empathie chez ceux qui ne semblent pas en avoir (« ce n’est qu’un jeu », un monde virtuel à ne pas prendre au sérieux, …) ?
• Il est dommage que le dossier remis aux profs et la circulaire envoyée aux élèves l’aient été après les faits.

Comments on this Teachers Experience

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20 December 2014

Final Partners’ meeting

The fourth partners’ meeting took place in Florence (IT) on 15 December 2014. The meeting had the objective to check the activities carried out since the third meeting of the project and share and assess the in progress results. A special focus has been dedicated to the presentation of the strategies to solve the case scenarios.