Lifelong Learning Programme

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TITLE OF THE EXPERIENCE
FR : Un fait de harcèlement à l’école São Lourenço
NAME AND SURNAME OF THE TEACHER
Helena Castro
SUBJECTS TAUGHT
Anglais
YEARS OF TEACHING EXPERIENCE
27
TYPE OF SCHOOL
Secondaire inférieur et supérieur
COUNTRY
Portugal
THEMATIC AREA
School bullying
DESCRIPTION OF THE EXPERIENCE
Il y a cinq ans à Portalegre au Portugal – « Li était une de mes élèves. Elle avait 13 ans et elle était une des meilleures élèves et personnes que j’aie jamais rencontrées et avec qui j’aie travaillé. Même son prénom était beau, même si je ne peux l’écrire ici ! … Bref, je vais vous parler d’elle en tant qu’élève et en tant que personne pour vous donner une idée plus précise. Elle était calme mais dynamique, gentille, respectueuse, discrète, intelligente, sage, travailleuse, honnête, joyeuse, aimable et serviable… elle avait toutes les qualités humaines qu’un professeur pouvait demander ! Néanmoins, après plusieurs mois, Li a commencé à se sentir triste et mal à l’aise, bien qu’aucun d’entre nous ne pût remarquer la différence.
Il y avait un garçon, Zom, qui était tout l’opposé de Li ; il était son rival. Il était méchant, jaloux et il ne pouvait pas supporter le fait qu’elle était mieux que lui en tout, donc il se moquait d’elle et il essayait de la faire passer pour stupide et maladroite aux yeux des autres, tout en s’assurant que personne ne s’en apercevrait. Zom aimait provoquer tout le monde et plusieurs craignaient de devenir sa cible. En profitant de la situation, ce harceleur faisait en sorte que ses camarades supportaient son comportement idiot à l’encontre de Li. Qu’il s’agisse d’elle, ou d’autres, peu importe qui pouvait en souffrir, car le but principal était d’échapper à la « zone dangereuse » de Zom.
Au début de son adolescence, cette période difficile pour les jeunes, où se faire ridiculiser par les autres devant ses pairs devient le cauchemar le plus effrayant, Li pouvait difficilement ignorer ce type de comportement. Alors elle souffrait, toute seule et en silence, en luttant contre sa volonté d’échapper pour disparaître complètement.
C’est en huitième (équivalent de la deuxième secondaire, NDT) seulement que j’ai réalisé que quelque chose ne marchait pas. Li semblait avoir changé. Elle a perdu sa concentration et ne parvenait pas à suivre la plupart des leçons. Elle ne semblait même pas savoir les réponses aux questions les plus simples. Ses camarades riaient même de son échec.
Un jour sa mère a appelé l’école, elle était inquiète et malheureuse de la situation. Elle a expliqué que Li lui avait demandé de ne rien raconter aux enseignants de la façon dont la plupart des élèves la traitait. En fait depuis le début de la septième, certains d’entre eux comptaient sur elles pour faire leurs devoirs et tests et ils étaient sympas quand ils se trouvaient seuls avec elle, mais ils continuaient à se moquer d’elle sans regrets quand Zom était là. Il était le leader et tout se passait bien seulement quand il n’était pas là. Sa mère avait compris la situation grâce à son fils, le grand frère de Li, qui en avait assez de voir sa sœur souffrir, bien qu’elle eût demandé de ne pas en parler. Il avait raconté à sa mère ce qui se passait et ils cherchaient une solution ensemble, tout en s’assurant de ne pas trahir la confiance de Li envers les deux. Elle se sentait désespérée et presque honteuse d’être une très bonne élève avec des notes si bonnes. Parfois elle faisait semblant de ne pas connaître les réponses pour éviter d’être ridiculisée. Ce qu’elle voulait c’était rester inaperçue et elle aurait tout fait pour qu’ils oublient son existence.
Après sa convocation à l’école, au lieu de chercher l’enseignant spontanément, il a trouvé la façon de partager ce souci et demander de l’aide, sans « trahir » sa sœur. Moi, je savais que Zom n’était pas un bon garçon, mais je n’aurais pas imaginé qu’il était un vrai harceleur. Et Li… ? Qui pouvait imaginer qu’elle était une victime silencieuse de harcèlement ?
Avec beaucoup de précaution, je lui ai parlé en tête-à-tête, sans mentionner Li ou d’autres élèves, mais j’ai dit clairement que j’avais compris quel genre de personne il était et que j’étais sur le point d’appeler ses parents et de prévenir les autres professeurs de son comportement avec ses camarades.. Si dans les deux semaines suivantes il ne pouvait me montrer que je me trompais, je lui ferais payer pour toute la souffrance qu’il avait causée à autant de gens pendant si longtemps. J’ai même menacé Zom de prévenir la police, en lui rappelant qu’un comportement comme ça était déjà considéré comme un crime, vu que trop de jeunes s’étaient suicidés à cause de harcèlement. Lui, et les autres comme lui, méritaient d’être arrêtés pour être les meurtriers de ces victimes.
Sa première réaction a été de tout nier et d’accuser les autres… J’étais dure avec lui et je lui ai dit que je pouvais résoudre la situation immédiatement, comme il ne voulait pas profiter de l’occasion que je lui avais offerte de changer et de montrer des regrets. J’étais en train de franchir le seuil de la classe quand il m’a appelé et il m’a demandé de lui laisser une chance après tout.
C’est ce que j’espérais qui se passerait, mais j’ai presque échoué ! Heureusement il croyait que j’en savais plus qu’en réalité et il a commencé à se comporter différemment à partir de ce jour-là !
Un jour il était absent ; j’ai eu donc l’occasion de parler aux autres élèves et j’étais agréablement surprise de leur réaction. Quand ils ont compris que je savais ce qu’il faisait, ils se sont sentis confiants et se sont plaints de centaines d’actes méchants qu’il avait commis contre presque tout le monde. Même ses « meilleurs amis » ont admis avoir peur de lui mais ils n’avaient pas le courage de se défendre. C’était plus facile pour eux de s’unir à lui que contre lui – donc ils faisaient tout ce qu’il attendait d’eux.
Li ne parlait pas mais je pouvais lire son expression soulagée. À partir de ce moment-là, elle était à nouveau notre « bonne vieille » Li. Tous mes collègues avaient imaginés ses coups montés et était conscients de ses possibles essais.
Zom a été puni : personne n’avait plus peur de lui et personne ne lui faisait confiance ou essayait d’être son ami. Il n’avait que le choix de changer et de s’adapter.
Je veux croire qu’il est devenu un être humain meilleur, mais je ne suis pas si positive. Au moins il a arrêté de nuire aux bonnes personnes qu’il aurait pu détruire !

Comments on this Teachers Experience

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Date: 2014.06.04

Posted by Julien Lecomte, Gilles Fossion et Erika Benkö (Université de Paix) (Belgium)

Message: Voici notre commentaire par rapport à ce témoignage : nous nous sommes basés sur notre propre expérience et notamment d’accompagnateur au sein du projet-pilote des « Cellules bien-être » dans les écoles.
Ce projet pilote mené en Fédération Wallonie-Bruxelles s’inscrit dans un projet réunissant 3 cabinets ministériels (« Enseignement », « Santé et Egalité des chances » et « Jeunesse et aide à la Jeunesse »): « La politique poursuivie en matière de bien-être en milieu scolaire s’inscrira dans la durée. Elle s’intégrera dans un projet global de bien-être qui sera modulé en fonction du contexte et des besoins. Elle favorisera les méthodes interactives construites en partenariat avec les jeunes » (extrait du site enseignement.be)
C’est dans ce cadre que « l’Université de Paix » a accompagné 10 écoles durant 2 ans. Nous sommes reconnus comme Organisation de Jeunesse. Notre spécificité est la prévention de la violence et la gestion de conflits. Nos interventions favorisaient le dialogue entre les différents acteurs de l’école ou liés à l’école, en passant par l’élève, le professeur, le directeur, le responsable du Centre psycho-médico-social, les éducateurs et autres professionnels collaborant ponctuellement ou non avec l’école (logopèdes, psychologues, etc.), les parents, l’association des parents, les associations de promotion de la santé et de protection de l’environnement, la commune, etc.

Concernant le fait de harcèlement à l’école São Lourenço, nous distinguons différents niveaux d’intervention :

- Informer les enseignants sur le phénomène du harcèlement, de bouc émissaire (ici, l’élève qui pose problème devient in fine bouc émissaire) – niveau de prévention et de sensibilisation. A cela s’ajoutent un partage de différentes réflexions sur comment accueillir les nouveaux dans l’école, dans une classe, etc. L’ensemble de l’équipe éducative peut ainsi définir des manières communes de prendre en charge et de guider la dynamique de groupe.

- Faire des activités dans les classes :
* D’une part, des activités pour mieux se connaitre, apprendre à « vivre ensemble », faire du lien entre les élèves (prévention générale).
* D’autre part, des activités sur les thématiques spécifiques suivantes : les normes du groupe, une discussion sur les dynamiques de harcèlement, etc.

- Dans ce cas de figure précis, un accompagnement de chaque personne semble important, qu’il s’agisse de la ou des victimes, mais aussi du harceleur, non seulement pour préserver son estime de lui-même, mais aussi, bien sûr, pour l’aider à développer des attitudes plus appropriées.

- Aussi, dans la résolution du problème, il est important de mobiliser l’ensemble des « acteurs » concernés : non seulement le harceleur et la victime, mais aussi les témoins, les « autres » qui peuvent cautionner inconsciemment le harcèlement (par leurs regards, leurs rires, le fait de ne pas intervenir pour que cela cesse, etc.). Il parait intéressant de questionner la responsabilité de chacun et de porter un regard systémique sur le phénomène, ce qui évite par ailleurs de stigmatiser les personnes dans un rôle que l’on voudrait qu’ils cessent de revêtir.

- Enfin, une dimension de « communication extérieure », envers les parents, sur ce que l’école met en place et pourquoi.

20 December 2014

Final Partners’ meeting

The fourth partners’ meeting took place in Florence (IT) on 15 December 2014. The meeting had the objective to check the activities carried out since the third meeting of the project and share and assess the in progress results. A special focus has been dedicated to the presentation of the strategies to solve the case scenarios.