Lifelong Learning Programme

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TITLE OF THE EXPERIENCE
FR : Connaître un élève en tant qu’individu
NAME AND SURNAME OF THE TEACHER
Belarmina Filipe
SUBJECTS TAUGHT
Anglais
YEARS OF TEACHING EXPERIENCE
Beaucoup
TYPE OF SCHOOL
Secondaire inférieur et supérieur
COUNTRY
Portugal
THEMATIC AREA
Students with learning difficulties
DESCRIPTION OF THE EXPERIENCE
L’expérience a eu lieu lors des deux premiers trimestres de l’année scolaire 2013-2014.
Le garçon, qu’on appellera Manuel, fait partie de ma classe de citoyenneté, avec 29 autres élèves.
Il a attiré mon attention parce que, au lieu de participer à la discussion sur les règles à suivre en classe, il discutait avec un camarade et jouait avec des boules de papier sans prendre de notes ni la date et le nombre de cours, comme il était censé le faire. Je l’ai approché et l’ai invité à ouvrir son cahier. Je l’ai aidé à prendre des notes et ai remarqué sa difficulté à écrire à la main et à garder son journal en ordre. Je pensais qu’il avait un problème d’ouïe, vu qu’il ne parvenait pas à retranscrire correctement les sons et expressions qu’il entendait.
J’ai suspecté que c’était une sorte d’enfant « abandonné ». Il est gros, sourit et rit à tout moment et semble ne pas comprendre de simples stratégies instructives et le langage utilisé par les enseignants.
En parlant avec une collègue qui enseigne le portugais à cette classe, j’ai découvert que Manuel était un élève perturbateur qui n’étudiait pas et ne faisait pas les devoirs qu’elle lui donnait. Ensemble, nous avons élaboré des stratégies pour aider le garçon de 12 ans. Elle ne restait pas trop devant la classe (Manuel était au fond de la classe) et l’aidait à écrire et le conseillait sur la façon d’accomplir les tâches. Pendant ce temps, nous allions discuter avec la directrice de groupe (qui sert de relais entre l’école et les familles de la classe dont elle a la charge, ci-après DG) pour en savoir plus sur le garçon. Il s’était brûlé la main gauche et avait une écriture affreuse. Il ne semblait pas à l’aise en classe, mais ne se précipitait pas non plus pour sortir à la fin du cours, il était même souvent le dernier en classe.
En novembre, lors d’une réunion d’enseignants, nous avons appris que Manuel venait d’une famille éclatée. Manuel se comportait mal assez régulièrement (ne prêtait pas attention aux cours) et cinq professeurs ont dit que ses résultats étaient médiocres. Je me suis portée volontaire pour donner des cours particuliers à Manuel et la DG a promis de parler à la mère pour obtenir des informations ne se trouvant pas dans le dossier scolaire.
Début décembre, je l’ai rencontré à la bibliothèque. J’ai commencé à lui parler et j’ai proposé qu’on s’asseye pour faire connaissance, ce qu’il a accepté. Je lui ai raconté quelques histoires sur ma famille et mon école (précisant qu’à son âge je n’aimais pas étudier, que je préférais lire des livres) et il a entamé l’histoire d’un garçon à qui manquaient sa grand-mère et sa tante/marraine, des gens avec qui il avait vécu étant petit. Il ne se souvenait pas de grand-chose des premières années (quand il vivait soit avec son père, soit avec sa mère) mais pouvait raconter en détail où il était de sept à neuf ans. Il s’agissait apparemment des seules années stables dans sa vie ! Après cette conversation, je pris une résolution. J’allais l’aider à devenir un meilleur élève. Mais je ne voulais pas être autoritaire. J’ai simplement proposé d’être sa tutrice, une sorte d’amie plus âgée, quelqu’un qui prendrait du temps pour l'aider mais sans savoir comment. Il a dû me dire comment l’aider. Nous avons échangé nos points de vue sur l’importance de « savoir des choses sur le monde » et Manuel a promis de réfléchir à ma proposition. Il devait me répondre une semaine plus tard. Il n’a rien dit quand je l’ai vu en classe et je n’ai rien demandé. Son comportement s’est amélioré en classe et le professeur de portugais le favorisait en évaluant sa participation orale. Une semaine avant les vacances de Noël, Manuel m’a attendu pour me dire qu’il avait parlé à sa mère et souhaitait me voir à la bibliothèque, au moins une fois par semaine. À la question comment l’aider, il a répondu « aidez-moi à étudier, je n’ai jamais su comment apprendre ». OK, ai-je dit.
La première séance a été la plus intéressante. Manuel a dit qu’il avait de « nouveaux frères » et « une nouvelle sœur » avec son beau-père et sa belle-mère. Ces deux dernières années, deux autres bébés étaient nés, un dans chaque famille. Il vivait avec sa mère à Castelo Branco et rendait visite à son père à Sintra pendant les congés.
Nous avons beaucoup parlé et je lui ai dit qu’il avait connu de nombreuses situations différentes, différentes des expériences de ses camarades du même âge. J’ai dit qu’il pouvait être fier de lui (il n’était pas qu’un survivant, il s’est avéré être bien plus mûr que ses camarades), il lui fallait juste un peu de confiance en soi, demander de l’aide au besoin et ne pas perdre son estime de soi. Nous allions développer ses capacités de lecture et de rédaction et étudier ensemble (j’ai dit que je ne savais pas grand-chose de la grammaire portugaise) et, étape par étape, il allait devenir un bon élève et pouvoir interagir avec ses condisciples. Je l’ai encouragé à faire part de son expérience culturelle et à écrire son histoire, ce qui lui parut une bonne idée.
Pendant des semaines Manuel a développé des stratégies d’apprentissage et parcouru et scanné des textes, apprenant à répondre à des questions en se basant sur du matériel en langue étrangère. Lors de l’ « apoio » en portugais, Manuel n’a pas appris grand-chose en raison du nombre d’élèves ; il ne pouvait recevoir une attention particulière. Mais mes collègues l’avaient toujours « à l’œil » en classe, l’aidant individuellement et le motivant à apprendre. Nous devons maintenir une disposition traditionnelle, mais Manuel n’est plus assis au fond de la classe.
Maintenant il sait se tenir et intervient parfois en classe, selon de nombreux enseignants. Il n’est plus le dernier à quitter la classe et on l’aperçoit avec d’autres élèves. Mais … il continue à ne pas faire ses devoirs et ne me prévient pas quand il ne vient pas. Avant le Carnaval, il avait vu un livre à la bibliothèque avant que je n’arrive. Je le lui ai offert et il a promis de le lire. Le livre concernait le géocaching et Manuel et moi avons invité la classe à un jeu de recherche. Manuel n’est pas venu à son cours particulier la semaine dernière et nous ne nous sommes plus parlé depuis.
Ma collègue me dit qu’elle est en colère contre Manuel. Elle lui a dit qu’il « ne pouvait être aidé que s’il le voulait ». Manuel n’a pas répondu mais … il faudra qu’on parle la semaine prochaine !
La DG n’a pas de « temps privilégié » avec la classe. Le professeur d’éducation à la citoyenneté ne dispose que de 30/40 minutes pour pratiquer des stratégies d’apprentissage. Chacun dans l’école reçoit un soutien affectif, mais aucune aide efficace n’est apportée. Comme l’élève n’a pas de « besoins spéciaux » :
- Il n’est qu’un élève parmi trente dans la classe…
- Sans ce projet, ce compte-rendu n’aurais jamais été écrit et … j’ai beaucoup appris à le rédigeant.
Points forts de cette expérience : Manuel a appris à prendre un petit déjeuner tous les matins (je me suis rendue compte qu’il ne pouvait être attentif ou calme après deux ou trois cours). Trois des enseignants ont expliqué en quoi le petit déjeuner est important, on lui a parlé ainsi qu’à sa mère et maintenant c’est un jeune assez « ordinaire » qu’on voit jouer avec d’autres jeunes pendant la récréation. Il reste un élève médiocre mais il n’est plus harceleur/harcelé et semble attentif. Son écriture est désormais propre et lisible et il veut apprendre. Il a partagé le livre sur le géocaching avec un cousin (d’après le professeur de portugais) et il aime rester à l’école.
Points faibles de cette expériences: les conditions pour faire ses devoirs ne sont pas propices (je ne fais pas de visites à domicile). Manuel passe trop de temps devant la télévision et à jouer avec sa petite sœur.
Les expériences multidisciplinaires ne sont pas développées en classe.

Comments on this Teachers Experience

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Date: 2014.05.23

Posted by Francis MAKA (Belgium)

Message: - Qu'est-ce qu'une classe de citoyenneté ?
- C'est vrai que l'ouïe est le premier examen à réaliser quand un élève semble avoir des difficultés avec les sons.
- Le comportement de départ de l'élève est typique d'un élève qui « décroche ».
- On n’insistera jamais assez sur le fait que l'école à son propre langage et qu'il convient de donner les clés de ce langage aux élèves.
- Les élèves en décrochage ont assez souvent une histoire familiale compliquée.
- En fait, c'est une sorte de « marrainage ».
- Apprendre à étudier, voilà bien une compétence qu'on apprend très peu dans les écoles. Beaucoup d'enfants ne savent tout simplement pas comment faire.
- Dans ce témoignage, on sent beaucoup de dialogue, ce qui doit être la base de l'aide avant de penser à la « matière ».
- Les élèves en difficultés sont effectivement très souvent des survivants qui manquent de confiance et d'estime d'eux-mêmes.
- C'est vrai que l'aide apportée franchit rarement le seuil de la maison. Ce qui donne parfois l'impression d'aider un enfant à moitié... Hélas, nous n'avons pas la maîtrise de tous les facteurs.

20 December 2014

Final Partners’ meeting

The fourth partners’ meeting took place in Florence (IT) on 15 December 2014. The meeting had the objective to check the activities carried out since the third meeting of the project and share and assess the in progress results. A special focus has been dedicated to the presentation of the strategies to solve the case scenarios.