Teachers Experiences

FR : Un problème d’intégration

Cidália Cordeiro

Philosophie

23

Secondaire supérieur

Portugal

Identification of students’ at risk

C’est l’histoire d’une élève qu’on appellera Maria, inscrite en 12e année (dernière année secondaire) à Agrupamento de Escolas do Bonfimin Portalegre, Portugal.
Maria est une adolescente aimable et gentille ; elle est très introvertie et a une faible estime de soi.
À l’école primaire, Maria a connu des difficultés à s’intégrer dans l’école ; elle a manqué des cours, ce qui s’est reflété dans ses notes. En raison de ses difficultés d’apprentissage en portugais et en mathématiques, de son manque de motivation et de ses difficultés d’intégration, Maria a bénéficié d’un soutien individuel en primaire et en secondaire inférieur. Toutefois, à ce stade l’histoire de Maria a tourné. Ses problèmes ont augmenté parce qu’elle est devenue victime de harcèlement. Sa fragilité était un excellent prétexte aux rires et commentaires de certains de ses condisciples. Maria s’est défendue en cessant d’aller à l’école.
Sa famille était attentive et ses parents se sont vite rendus compte que quelque chose ne tournait pas rond à l’école. Cela expliquait l’humeur dépressive et l’isolement diagnostiqués chez elle. Avec l’aide du psychologue de l’école et par la volonté des parents, Maria a été transférée dans une autre école.
C’est à ce moment que j’ai rencontré Maria. Sa nouvelle classe l’a accueillie et elle est devenue émotionnellement plus stable, s’est adaptée à l’école et s’y est intégrée. Elle reçoit toujours un soutien individualisé en portugais et en mathématiques et consulte le psychologue de l’école. Le sentiment d’être à sa place et d’être bien reçue par ses condisciples rend Maria heureuse. Elle aime aller à l’école et apprendre.
À la fin de la 9e année (équivalent de la 3e secondaire), Maria a dû choisir une orientation. Le directeur de classe et le psychologue ont conseillé une orientation professionnelle, mais Maria rêvait de devenir psychologue et a opté pour les humanités.
Elle a atterri dans une classe à forte ségrégation, où les élèves étaient hostiles envers les élèves plus introvertis et très agités. Maria est volontairement marginalisée.
La peur, l’angoisse et les vexations font à nouveau partie de sa vie. Pour y échapper, elle manque des cours et le décrochage menace.
Déplorant la situation, le directeur de classe ne laisse pas tomber Maria et conçoit un plan. À seize ans, Maria ne devrait pas se réfugier chez elle et renoncer à son adolescence et à ses études. Il était nécessaire d’éduquer ses condisciples. Ils devaient apprendre à accepter « l’autre » parce que c’est fondamental pour vivre en harmonie. Comme plusieurs sujets tels que la philosophie et le portugais convergeaient vers ce thème, les enseignants ont créé une dynamique commune pour atteindre cet objectif par des lectures de textes, des débats, des films…
La stratégie a fonctionné. Plusieurs élèves de la classe ont été sensibilisés et ont changé d’attitude envers Maria. Leurs paroles sont devenues amicales et ils ont accueilli Maria. Par conséquent, Maria est venue plus régulièrement à l’école et s’est accrochée.
Maria n’a pas encore surmonté toutes ses barrières. Elle se sent parfois mieux, mais son humeur dépressive refait parfois surface. Cependant, elle a bien progressé grâce à son sentiment d’appartenance à la classe. Ses pairs le lui ont fait ressentir quand ils ont appris à respecter son individualité.
Chaque école est un espace de « croissance ».